DECLARATION DE LA FRATERNITE NOTRE DAME
Bruxelles (Belgique) 14-20 mai 2001

Au Parlement Européen
Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés

«La Fraternité Notre Dame® est heureuse de présenter cette déclaration sur un sujet qui lui tient à cœur et dont elle a pleine connaissance, celui des pays les plus pauvres, ou « moins avancés ».

Les pays les moins avancés sont bien plus nombreux que les pays dits «développés».

La première question qui se pose est de savoir ce qu’on entend par «pays moins avancés». Car n’est-ce pas péjoratif dès le départ de nommer comme «moins avancé» un pays entier avec sa culture, son histoire, ses richesses physiques, morales et spirituelles ?
Nous devrions plutôt nommer «moins privilegiés», ces pays qui ne sont pas responsables de leur sort mais qui, dans une certaine mesure, le subissent. De nombreux facteurs indépendants de leur volonté tels que la guerre, le despotisme politique, les catastrophes naturelles ou autres ont pu les appauvrir considérablement. La misère a pour ainsi dire gagné la partie et elle ne fait que grandir chaque jour.
Afin de faire entendre la voix de ces pays souffrants, nous citerons en exemple ceux où la Fraternité Notre Dame® a établi des missions permanentes ou ponctuelles : Haïti, Niger, Mongolie, Rwanda, Roumanie, Ex-Yougoslavie, Cameroun, Albanie, Kosovo et El Salvador. Ces missions ont été possibles grâce aux bons soins du Fondateur de la Fraternité Notre Dame®, le Très Révérend Monseigneur Jean Marie Roger Kozik.

A notre époque informatisée, où la technique nous permet des prodiges de communication et de science, nous devons reconnaitre qu’il y a inegalité de pouvoir entre les nations et que certaines vivent sous la domination des autres.
Nous devrions avoir honte de savoir qu’il y a une barrière. Barrière entre les pays nantis, enfoncés dans le comfort et l’abondance, et les pays de «l’autre monde», celui des enfants affamés mendiant dans les rues, des adolescents analphabètes, des vieillards mourant sans soins, des peuplades entières décimées par les maladies seulement en raison du manque d’hygiène, et tant d’autres désolations portées par notre terre comme des plaies affreuses.
Ce cri d’injustice, nous voudrions le faire entendre car il n’est pas digne de notre humanité, pas digne de nos grands projets d’aide sociale, de notre volonté commune d’aller vers un monde meilleur.

I. Pays les moins avancés en termes de santé:

Parlons d’abord de la santé. S’il est bien vrai de dire que la santé n’a pas de prix, on peut aussi remarquer que le coût de la santé est accessible à certains plus qu’à d’autres.
Il est bien évident qu’un malade du SIDA vivant dans un milieu favorisé d’un pays développé a beaucoup plus de chances de survie et de longévité qu’une personne atteinte du SIDA résidant dans un pays d’Afrique par exemple.
Que dire de l’êtat des hopitaux des pays en voie de développement ? Bien souvent, il y manque le plus élémentaire matériel médical. Les médicaments sont comptés et doivent être payés un à un par les patients.
Les pauvres atteints de graves maladies, sachant les soins au-dessus de leurs moyens financiers, préfèrent se laisser mourir.
La Fraternité Notre Dame® est confrontée quotidiennement au problème de la santé chez les plus pauvres. Dans toutes ses missions humanitaires, elle distribue des milliers de médicaments gratuitement aux enfants et adultes. Mais son action serait encore plus efficace si elle pouvait elle même obtenir davantage de produits pharmaceutiques ou chirurgicaux.
Son action est cependant très positive et nous citerons le cas de notre hôpital pour les plus nécessiteux à Ulaanbaatar, en Mongolie. Cet hôpital de 65 lits est reservé à tous ceux qui sont refoulés par tant d’autres centres de soins pour raison financière. Là encore, nous voyons que les habitants des pays les moins avancés, constitués d’une majorité de personnes vivant au-dessous du seuil de la pauvreté, sont victimes du manque de soins.
L’Hôpital de la Charité de la Fraternité Notre Dame® accueille toute personne, sans distinction et donne soins et opérations nécessaires à un nombre grandissant de personnes.


II. Pays les moins avancés en matière d’Education:

Il y aurait beaucoup à dire sur l’inégalité de l’éducation que l’on remarque entre pays développés et pays en voie de développement.
Il faut le reconnaitre, apprendre à lire n’est pas une chose acquise pour tous les enfants du monde. Pourtant, tout enfant devrait avoir accès à l’éducation, éducation de sa langue, de sa culture, de son histoire.
Dans les pays où la jeunesse n’est pas formée, où la jeunesse n’est pas nourrie, comment peut on envisager un avenir responsable de la nation ? L’ignorance entraîne la soumission passive et accroît les différences sociales.
La corruption, que l’on voit régner en maître dans certains pays africains par exemple, ne serait pas si bien établie si toutes les classes de la société avaient un juste accès à l’éducation. Car la connaissance élève l’homme et le rend plus clairvoyant.
De là à voir que les pays moins avancés sont les victimes de notre monde en pleine évolution, il n’y a qu’un pas. Plus faibles face à l’exterieur, leurs richesses naturelles sont exploitées sans qu’ils en tirent directement profit, leur culture se perd, leur avenir se ferme.


III. Pays les moins avancés en matière sociale:

A notre époque où la modernisation est devenue extrêment sophistiquée, où rien ne manque à nos pays dits «civilisés», nous constatons que les plus pauvres ne profitent pas de ce progrès.
Nous voyons des populations entières plongées dans le chômage, sans espoir d’amélioration et des grandes villes où la population des sans-abris augmente de jour en jour.

La misère engendre d’autres conséquences: l’exploitation indigne des enfants, le travail clandestin, la prostitution, la vente d’organes, la vente des enfants, et bien d’autres malheurs encore.
Les pays les moins developpés sont semble-t-il touchés de plus en plus par le fleau du chômage, de l’immoralité, de la malnutrition et de la désolation sous toutes ses formes. Comment tolérer de telles atrocités? Comment certains peuvent-ils tolérer la misère sans réagir et sans agir?
La Fraternité Notre Dame®, ainsi que de nombreuses autres ONGs de par le monde, nourrit, accueille, réchauffe ces malheureux, ces sans-abris, ces oubliés de notre temps.

IV. Du point de vue des valeurs morales et spirituelles :

Quand on parle de civilisation, on s’attend à discourir sur les valeurs morales, les croyances établies, les institutions religieuses.
Les valeurs spirituelles et morales ont toujours tenu la société et l’ont fait avancer et prospérer matériellement. L’ histoire des civilisations nous montre que la famille était le pillier de la société. L’aide aux anciens y était sacrée. Les plus anciennes générations enseignaient aux plus jeunes.
Aussi, l’écroulement de la cellule de base : l’effondrement de la famille, causée par les migrations, les guerres fratricides, l’exode vers les villes, a-t-il entraîné un accroîssement de souffrance. Les personnes âgées nécessiteuses ne sont plus aidées par leurs enfants et petits enfants.
La jeunesse ne reçoit plus le bon exemple des anciens. Pour finir, enfants et vieillards ont autant de risques d’être sans domicile et de mendier leur subsistance dans la rue.
Une des grandes causes de ce recul social est la chute des valeurs spirituelles. Plus d’entr’aide, plus de charité active qui étaient le moteur et le sang de nos civilisations.
Une religion bien vécue est une religion agissante, qui s’exprime par l’amour des autres, par l’assistance humanitaire spécialement envers les plus faibles.
Comment peut-on se dire «pays civilisé» si on laisse son voisin gémir dans la poussière, mourir dans le froid et la faim?
Certaines institutions religieuses ont même renversé les rôles, puisque, pour assurer leur pouvoir temporel, elles assujetissent les peuples a la pauvreté et l’ignorance.
La vraie religion doit porter à la tolérance, au dévouement pour son prochain, à la compassion, au soulagement de la pauvreté.


En matière de conclusion, nous pourrons dire que les pays les moins avancés ou moins developpés ne pourront lentement se relever que si on leur tend une main coopérative, si l’on éduque la jeunesse, si l’on rend la dignité aux vieillards, si l’on apporte des emplois à la population active, etc…

Le travail qui se fera à cette conférence internationale de Bruxelles constitue un pas de plus pour l’avancement des peuples. Car tous, nous refusons de voir des enfants mourir de froid, des familles affamées plongées dans la détresse, des populations entières vivant dans des bidonvilles.
Tous, nous voulons assister à un regain de vie plus digne et vraiment humaine, dans un véritable élan de solidarité sans distinction de race, de sexe, de classe ou de croyance.


Et puis mettons tous à notre profit cette parole de Saint François d’Assise :

« Seigneur, faites de nous des instruments de Paix ».

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