Deuxième Assemblée Mondiale sur le Vieillissement Madrid, Espagne 8 au 12 avril 2002

Déclaration de Monseigneur Jean Marie Roger Kozik, Evêque Fondateur et Supérieur Général de la Fraternité Notre Dame (Représenté par Monseigneur Marie Bernard)

Aborder le sujet du 3ème âge dans notre monde qui ne parle que de progrès et d’avenir, semble être un thème de contradiction, mais voilà pourquoi il nous semble que cette Conférence vient fort à propos pour étudier les différents problèmes auxquels sont confrontés les personnes âgées.

En tant que Fondateur et Supérieur Général de la Fraternité Notre Dame, je voudrais ici rappeler que nous avons comme soucis premier de secourir tous ceux qui souffrent dans leur cœur, leur corps ou leur esprit et la condition des plus anciens est un sujet qui nous tient à cœur.

En ce qui concerne les pays défavorisés, il est certain que les personnes âgées, tout comme les enfants, en tant qu’individus les plus fragiles de la société, ont à subir les premiers les catastrophes économiques et sociales d’un pays. L’espérance de vie n’est pas grande lorsque chacun en est rendu à lutter pour sa survie personnelle, pour avoir l’espérance d’un maigre repas quotidien.

La souffrance des populations affamées se répercute beaucoup plus sur les plus anciennes générations. Pourtant, un élément très important les fait tenir : celui de la Famille. La cellule familiale étant considérée comme sacrée par les cultures ancestrales, les personnes âgées sont généralement assistées et entourées de respect.

Nous pensons notamment à l’Afrique, dont les piliers reposent sur la sagesse transmise oralement de génération en génération, des plus anciens aux plus petits.

Il est rare d’y voir un grand-père ou une grand-mère, rejeté des siens. Les personnes âgées resteront jusqu’à leurs derniers jours tout près des plus jeunes, au coin d’un feu, au fond d’une pauvre maison, mais du moins dans la dignité et l’attention des proches. Ceci est remarquable et donne à réfléchir.

La douceur des anciens est le miel de la connaissance pour les plus jeunes, leur expérience parle pour eux et procure une richesse qui ne peut être remplacée.

Si nous tournons les yeux sur nos pays dits “développés”, l’image est plus difficile à saisir car on pourrait se fixer tout d’abord sur l’évidence d’une meilleure condition de vie. Du point de vue de la santé essentiellement, la science assure une longétivité de plus en plus grande, ce qui est un réel avancement.

Les générations du 3ème et du 4ème âge représentent un pourcentage élevé dans l’échelle des populations de nos pays nantis. Des secteurs économiques entiers sont basés sur les services qui leur sont réservés (hôpitaux spécialisés, maisons de retraite, centres de loisirs,etc…)

On constate que l’adulte qui a passé 65 ou 70 ans, dès lors qu’il est alerte et bien portant, a sa place entière dans la societé. Des activités lui sont réservées qui sont parfois comparables à celles des jeunes et l’on voit même des groupes de seniors se conduire aussi libéralement que des adolescents.

Dans notre société il est parfois affligeant que les anciens de chez nous oublient le rôle de grands-parents et préfèrent parfois imiter les jeunes, plutôt que de les aider. Il est bien triste que cette sagesse des anciens se perde.

Les jeunes ne tirent pas profit de cette démission des générations anciennes. Chacun vit pour soi, et nos societés meurent de cette séparation des jeunes d’avec les plus vieux.

Mais que dire aussi des plus anciens qui, en mauvaise santé, sont alors une charge pour leurs enfants. Impossible de les garder à la maison dit-on, leur présence n’y est plus désirée.

Ils sont vivement mis de côté, dans des maisons spécialisées, où ils attendent vainement une visite de leur fille ou de leur fils, de leur nièce ou de leurs petits-enfants. Maisons luxueuses parfois où l’âme et le corps s’étiolent et souffrent; prisons dorées.

Maisons de soins bien cruelles quand la gentillesse n’est pas sur le visage des infirmières et des médecins, quand parfois des sévices moraux sont infligés secrètement sur la personne que l’on considère sénile.

Ce manque de respect est la première étape vers un fait encore plus douloureux, qui va tout à fait à l’encontre des Droits de l’Homme. Le scandale dont nous voulons parler est celui de l’arrêt provoqué de la vie, sciemment, volontairement pour raisons médicales ou monétaires.

L’euthanasie est un sujet délicat et nous savons que le désarroi est grand face à la souffrance physique.

Des personnes âgées, abandonnées dans des maisons de repos, sans famille ni connaissance, sont aussi trop facilement les victimes de ce procédé. Arrêter la vie par l’euthanasie est un acte d’une grande responsabilité.

Nous ne voyons pratiquement pas de cas semblables dans l’histoire des civilisations passées.

En conclusion, nous aimerions lancer un appel au rétablissement désiré de la cellule familiale. L’enfant gardé par ses grands-parents, qui eux-mêmes bien que malades, enseignent et couvent de leurs regards bienveillants le nouveau membre de la communauté humaine, le nouveau petit enfant.

Que la personne âgée se reconnaisse elle-même et agisse! Qu’elle serve de modèle, qu’elle tempère dans les conflits des enfants, qu’elle émane la prudence et la paix!

Puisse l’exemple fervent de nos grands-parents se prolonger, afin que notre humanité reprenne en main ses valeurs spirituelles et morales et fasse refleurir l’espoir de Demain.

[Fin de la Déclaration]

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