Conférence mondiale contre le racisme,
la discrimination raciale, la xénophonie
et l'intolérance en Afrique du Sud en 2001

Séminaire régional des experts :
états de l'Europe centrale et de l'Europe de l'Est
Varsovie, Pologne, le 5 juillet 2000

Déclaration de la Fraternite Notre Dame

- La protection des minorités et autres groupes vulnérables
et le renforcement de la capacité des droits de l'homme au niveau national -


Dans la perspective de la Conférence Mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui se déroulera en 2001 en Afrique, je me réjouis comme fondateur de la Fraternité Notre Dame® de pouvoir livrer mes réflexions au cours de ce séminaire. Tous les membres de la Fraternité Notre Dame® ont le sentiment d'être les messagers et porte parole d'hommes, de femmes, d'enfants rejetés et opprimés qui sollicitent notre écoute et notre aide.

La Fraternité Notre Dame® oeuvre à travers le monde en tant qu'organisation religieuse humanitaire au service des plus pauvres et des plus délaissés. Chaque jour, sur tous les continents, nous rencontrons les membres rejetés de l'humanité, les victimes de guerre, de racisme, de discrimination, de xénophobie et d'intolérances diverses. En un mot toutes les personnes considérées comme minoritaires de part leur origine sociale et culturelle, leur race, leur éducation, leur langue ou leur religion.

Après plus de 50 ans d'action de l'ONU, il est affligeant que les problèmes de racisme, discrimination à l'égard des minorités ethniques ou religieuses ne soient pas encore résolus. Nous attendons beaucoup de cette Conférence Mondiale en 2001, plus particulièrement la mise en application dans les actes et non dans les paroles de moyens efficaces pour enrayer la discrimination raciale et religieuse envers les minorités.

Par groupe minoritaire nous pensons aux plus pauvres de la société car ils constituent même si leur nombre est important des minorités souffrantes.
N'étant pas considérés à leur vraie place, n'ayant pas de place, les plus démunis sont minimisés socialement, comptés pour rien, blessés au plus profond d'eux mêmes par ce manque de considération envers leur dignité humaine.

Les nations devraient comprendre que rejeter une minorité au sein d'un pays entraine chez cette minorité un sentiment d'injustice qui mûrit, s'enfle et fait naître la discorde et la haine de part et d'autre. Les révoltes et les guerres fratricides actuelles sont souvent causées par trop d'humiliations et d'injustices accumulées.

Les nations devraient comprendre que ne pas manger à sa faim, ne pas avoir de logement, ne pas être scolarisé, ne pas avoir d'emploi, souffrir dans son corps et dans son âme sans être soulagé ou réconforté, ne pas pouvoir pratiquer librement sa religion, être menacé dans son intégrité physique, victime de pressions et de calomnies parce qu'appartenant à un minorité ethnique ou religieuse : tous ces états de faits actuels sont à la racine des conflits, révoltes et des guerres.

Comme hommes et femmes de bonne volonté, messagers de l'Evangile, les missionnaires de la Fraternité Notre Dame® se font un devoir là où ils sont de considérer chaque être humain avec le même respect, le même état d'esprit. C'est cet état d'esprit de paix, de charité, de tolérance et de respect mutuel conforme à la déclaration des Droits de l'homme que comme fondateur de la Fraternité Notre Dame® je transmets aux religieuses, religieux missionnaires.

La faim est une des grandes manifestations de la pauvreté. Les obstacles existent mais ne sont pas insurmontables. A notre niveau avec des moyens matériels financiers limités mais avec un courage sans limite, les membres de la Fraternité Notre Dame® enrayent la faim : des milliers de repas sont servis gratuitement chaque jour en France à Chicago, New York, Haïti, au Niger, au Cameroun, en Mongolie avec l'aide de laïcs bénévoles sans soutien des groupes religieux majoritaires.

Les ressources de la planète suffisent à une répartition équitable. Le problème est similaire pour l'alphabétisation. La Fraternité Notre Dame® a créé des centres de soins gratuits pour enfants orphelins et des écoles gratuites. Nous sommes convaincus que sauvegarder l'enfance, favoriser son épanouissement c'est contribuer à rétablir et maintenir la paix sociale d'une nation.

Nous alertons ce séminaire sur des faits discriminatoires dont nous sommes témoins, en Afrique, par exemple : payer pour être marié, ou payer pour apprendre à lire de grands groupes religieux majoritaires dits humanitaires, c'est le sort d'adultes et d'enfants vivant dans la misère.

Nous sommes douloureusement témoins que des majorités imposent le monopole de leur point de vue, censurent les autres, menacent et exercent des pressions, se donnent le droit de tout contrôler sous prétexte qu'elles sont majoritaires en nombre. Nous affirmons que le nombre ne fait pas la qualité d'un groupe. L'état démocratique dont se réclament les constitutions de nombreux pays dans le monde est censé protéger les faibles contre la puissance ou l'injustice des forts.

La pratique est bien éloignée de la loi, force est de le constater. Je serais très heureux de former bénévolement des religieux, religieuses de pays étrangers or faute de ne pouvoir le faire en France, pays démocratique, ou faute de pouvoir circuler librement d'un pays à un autre je suis contraints d'y renoncer. Nos implantations de missions ont été souvent menacées de disparition.

Puisque l'occasion m'est donnée de livrer ma pensée sur l'expression de la liberté religieuse, sur la discrimination religieuse, la Fraternité Notre Dame® estime que chacun peut avoir une manière différente de penser et d'être libre de l'exprimer. Je suis choqué de voir que dans différents pays où nous avons ouvert des missions à caractère humanitaire, des Eglises intervenaient auprès des gouvernements pour garder leurs privilèges et faire en sorte que les minorités ne soient pas entendues.

Nous avons observé des attitudes fréquentes de discrimination par exemple dans certains pays d'Afrique où on ne favorisait pas l'installation d'évêques ou de prêtres du pays d'origine.

Cette attitude discriminatoire maintient une tutelle morale au lieu de favoriser le développement de la Foi et de l'identité culturelle du pays.
Il n'y a aucune raison de ne pas accepter les minorités religieuses du moment qu'elles ne mettent pas le pays en péril ou ne portent pas atteinte à la liberté des individus.

Nous pensons aussi que la vocation religieuse en tant qu'engagement libre à le droit d'être un choix de vie. On ne peut choisir que ce qu'on connaît. On constate souvent dans nos rencontres une ignorance de l'identité et des responsabilités de la religieuse au service des autres. L'histoire des églises relate de nombreuses manifestations de misogynie. La religieuse ou le prêtre ne sont pas mis à l'honneur dans les médias.

Bien souvent ils sont la cible de réflexions ironiques, dévalorisantes, intolérantes. On a délégué beaucoup de responsabilités à des laïcs qui n'ont pas ni les compétences ni la disponibilité requises en raison de leurs contraintes familiales et professionnelles. Même si la femme consacrée ne se substitue pas aux hommes consacrés elle devrait avoir autant de responsabilités dans des domaines variés de ses compétences. C'est ce que je m'efforce d'insuffler.
Par expérience je constate que la présence active et bénévole, la collaboration de la personne consacrée favorisent sur place la dignité humaine, en suscitant le développement humanitaire sanitaire et social et contribue ainsi à la stabilité sociale.

En ce 21è siècle je déplore que certains catholiques adoptent une fermeture d'esprit, un sectarisme exacerbé à l'égard de toute forme de conviction ou d'expression differente de la leur, allant même jusqu'à la pression et la persécution religieuse indigne entre frères chrétiens.

Puisque ce séminaire est une occasion de réfléchir sur les facteurs économiques, politiques, historiques, sociaux, culturels qui favorisent le racisme, je tiens à vous sensibiliser sur cet état de fait : la démocratie en France s'est pervertie, cela vient d'une fusion entre les pouvoirs politiques, les médias de communications et les groupes majoritaire religieux en place ne laissant aucun droit d'expression aux groupes minoritaires, organisant une discrimination et une intolérance systématique.

Les canaux médiatiques de la presse et de la télévision française contribuent à restreindre la liberté de pensée, d'expression ou de conviction, discriminant des comportements ou des idées parce que non conformes à la pensée unique.

Citons par exemple l'actuelle chasse aux sectes en France. Des dénonciations publiques à rythme répété font régulièrement la une des journaux et des émissions télévisées, et créent aussi un climat de discrimination de racisme et d'intolérance toujours entretenu. On assiste en France à une campagne médiatique, habilement orchestrée, livrant une guerre fanatique et acharnée contre les minorités spirituelles ou les formes de thérapeutiques médicales, les courants éducatifs ne s'élignant pas sur un unique courant de pensé imposé, procédés dignes du temps de l'inquisition.

La Fraternité Notre Dame® a l'exemple d'autres minorités a enduré à travers ses fondateurs des processus d'intimidation, désinformations, calomnies, pressions chantages et procès.

Non l'inquisition n'est pas morte en France, elle a pris des formes différentes adaptées aux moyens actuels. Pour avoir été victimes d'intolérance de racisme et de discrimination religieuse, je pourrais expliciter davantage ces nouvelles formes de l'inquisition française actuelle.

Sous couvert du label anti secte, sous couvert de protéger les familles et d'exercer en réalité un terrorisme intellectuel tyrannique sur les esprits, les pouvoirs politiques et religieux dans un élan concerté unissent une pensée sectaire, font pression sur des minorités comme la nôtre, empêchant la bonne marche de nos activités sociales et humanitaires. Ce processus indigne dans des pays se référant aux droits de l'homme atteste une régression inquiétante des mentalités en France.

Au plus profond de vous même ne reconnaitrez-vous pas qu'appartenant à une minorité ou a une majorité tout être humain est fait de la même chair, qu'il a le droit d'être nourri, logé, scolarisé, de travailler manuellement ou intellectuellement, que tout être humain a le droit d'être soulagé, réconforté, en un mot aimé ? Ne pensez-vous pas que des minorités religieuses ethniques, culturelles et linguistiques sont rejetées, chassées ou exterminées, parce qu'elles ne se conforment pas ou ne peuvent suivre les normes de groupes majoritaires ?

Conformément à l'Evangile, la Fraternité Notre Dame® accueille toute personne sans distinction de classe, sexe, race ou croyance ne se préoccupant pas si l'un ou l'autre appartient à une minorité ou à une majorité connue. Dans ses orphelinats, hopitaux, écoles, restaurants aux personnes sans abri, la Fraternité Notre Dame® se fait un devoir de considérer chaque personne avec le même esprit et le même coeur mettant au service de tous sans discrimination car je m'efforce inlassablement de distiller l'amour du Christ qui surpasse tout amour.

[ Fin de la éclaration ]

< < < Retour à "Déclarations" - - Haut de page - Home > > >